EMPREINTE
EXPOSITION DU PHOTOGRAPHE RAYMOND CORRIVEAU
Espace Café, du 7 avril au 28 mai 2023

Fleur d’algue (Photo : Raymond Corriveau)
Raymond Corriveau a connu une longue carrière universitaire. Il est toujours professeur associé au département de Lettres et communication sociale de l’UQTR où il a été un intervenant clé dans l’instauration des divers programmes de communication. Acteur de terrain sur plusieurs continents, il œuvre au développement de l’information en milieu communautaire ou autochtone. Mais, dans une vie intérieure et antérieure, la photographie a toujours été sa fidèle amie. Elle est le sujet de sa maîtrise aussi bien que de son doctorat.
Au fil des décennies, un large panorama de la vie quotidienne est constitué et des expositions tenues. Quartier pauvre de Montréal (70), vie d’agriculteurs québécois (80), survie du peuple vietnamien après la guerre (90), quotidienneté d’un quartier cubain à Santiago (2000), carnaval irrévérencieux de la Martinique (2000), etc. Mais la photographie se conjugue de diverses façons. Elle est aussi sa partenaire dans quelques livres de poésie où l’illustration se veut aussi poétique. Dans le dernier recueil intitulé Les pas perdus, elle prend même la posture d’équivalent. L’équivalent est une idée d’Alfred Stieglitz qui vient de son exposition offrant des dizaines de photographies de nuages. L’équivalent, c’est une proposition que fait le photographe, mais, sans suggérer de repères narratifs. L’image devient comme une toile abstraite et le jeu de l’émotion est dans le camp du spectateur. C’est ce volet qui vous est aujourd’hui proposé, mais au lieu du ciel, c’est bien du sol dont il est question.
Pour en savoir davantage, consulter le site web de l’artiste.
Empreinte
Le choix des images a été, pour moi, un exercice tourmenté. Serait-ce des images provenant de livres publiés ou encore des photographies de carnets de voyage ou peut-être encore celles du livre actuellement en construction ? Une décision certes, mais sur quel critère ? J’ai peut-être trouvé la réponse dans le besoin étrange et difficile à verbaliser que j’éprouve à photographier le sol. Jugé sans importance, c’est pourtant là où nous mettons les pieds, c’est de là que nous nous appuyons pour exister… et nous ne le regardons presque jamais. Nous le tenons pour acquis sans trop le considérer. Pas étonnant que nous fassions la même chose avec la terre.
Mais regarder le sol peut devenir un incroyable théâtre de l’imaginaire où les formes sélectionnées répondent à des émotions authentiques, mais sur lesquelles nous ne pouvons raccrocher aucune histoire formelle. Ce sont des tableaux d’un présent heureux qui prennent plusieurs dimensions entre l’ire et le délire. Un peu comme le lecteur participe au récit, le spectateur s’inscrit dans une mouvance qui échappe même au photographe qui a produit l’image. En un sens, on sait quand l’exposition commence, mais nous n’avons aucune idée lorsqu’elle se termine puisque le spectateur l’intègre à sa propre lecture.
– Raymond Corriveau